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DIEULANGARD Jules
Né à Saint-Servan le 27 mars
1862, Jules Dieulangard était mousse en 1872 sur le NANKIN, un des Oiseaux des
Caps de la Maison Barbey du Havre. Atteint par le scorbut il débarqua à la fin
du voyage. A la campagne suivante le NANKIN se perdit corps et biens, il
l’avait échappé belle.
Blessé et réformé au Service, il embarqua comme
matelot sur le 3-mâts PIE IX, fit une campagne des Antilles, y attrapa la
fièvre jaune et eut la chance d’en guérir.
Sitôt reçu en Pratique, il embarque comme second sur
le 3-mâts FEDERATION qui chavira à Saigon.
Après avoir terminé ses derniers examens, il
commanda quelques mois des chasseurs de Terre-Neuve : l’ANNA puis la MESANGE.
Quand il les quitta, ils se perdirent tous deux corps et biens le voyage suivant.
Après avoir successivement commandé les grands
3-mâts JEANNE D’ARC, EDMOND ROSTAND, ERNEST REYER II, il prit sa retraite à 45
ans atteint d’hémoptysie.
La guerre de 1914 éclata. Bien que non mobilisable,
le capitaine Dieulangard s’engagea, perdit un bras, fut décoré et nommé
Pilote-Major du port de Saint-Malo.
Il prit sa retraite définitive en 1930 dans son pays
natal.Il est décédé le 2 mars 1949 à St Servan.
Notes concernant le Capitaine Dieulangad extraites du Livre du commandant
Lacroix : « Les derniers grands voiliers », adressées
par Madame Annick Chartier Lenormand qui eut aussi dans sa famille des
Capitaines Cap Horniers.
Le Capitaine Jules Dieulangard, ex-second de la
FEDERATION et qui venait de quitter le commandement de la JEANNE D’ARC de
Rouen, prit le commandement du 3-mâts barque du type Ca, l’EDMOND ROSTAND qui
avait été lancé le 6 novembre 1900 à la marée du soir à St-Nazaire, aux
Chantiers de la Loire pour le compte de Messieurs Norbert et Claude Guillon.
Bien que très jeune encore, Monsieur Dieulangard
avait eu déjà une vie très mouvementée, comme d'ailleurs beaucoup de capitaines
au long cours. Il chargea des briquettes à Cardiff pour la Réunion, releva de
cette île pour San Francisco de Californie et revint sur le Royaume-Uni à
ordres avec son plein de blé. Ce premier voyage avait duré 16 mois.
Monsieur Roy prit le commandement de l’EDMOND ROSTAND, le
capitaine Dieulangard étant appelé à Rouen pour commander l’ERNEST-REYER II, le
premier navire du même nom s’étant perdu. L’ERNEST REYER II était un 3-mâts
carré de 3.300 tonneaux et à spardeck jusque sur l’avant du grand mât. Ce
navire fut lancé le 24 février 1902 aux Chantiers du Grand-Quevilly, devenus
succursales de Penhoët de St-Nazaire.
Le Capitaine Dieulangard qui venait de quitter EDMOND
ROSTAND fit le premier voyage du nouveau navire que ses armateurs décidèrent
d’envoyer sur lest à Hobart Town, à ordres, le marché des frets ayant
sensiblement baissé en cette année 1902. Sur ce beau navire tout neuf et
extrêmement robuste, Monsieur Dieulangard soutint sa réputation précédemment
acquise de souqueur de toile. Il mit 69 jours pour se rendre de l’entrée de la
Manche en Tasmanie et prit ses ordres à Hobart pour le Puget Sound (Tacoma).
En ce port, il chargea du blé pour Kingstown (Sud
Afrique) qu'il atteignit en 75 jours ne mettant que 20 jours du cap Horn au cap
de Bonne-Espérance. Dans son désir de faire une traversée rapide, le Capitaine
de l’ERNEST-REYER II n’hésita pas à descendre très au sud malgré les dangers de
toutes sortes qui attendent les navigateurs en ces parages. Il passa dans le
sud de la Georgie, cette île désolée où Shackleton pût se réfugier après la
perte du DISCOVERY, et aperçut par tribord à perte de vue un mur énorme de
glaces descendu sans doute de la grande barrière. Puis il fut entouré de
nombreux icebergs qui l'obligèrent à remonter au Nord plus tôt qu'il ne
l'aurait voulu. Après avoir laissé sa cargaison de blé dans la colonie du Cap,
il releva sur lest pour Newcastle d’Australie où il prit du charbon pour
retourner à nouveau au Pacifique Nord. Là il trouva à San Francisco un fret en
blé pour le Royaume-Uni à ordres et revint en Europe comptant 21 mois de
Campagne.
Monsieur Dieulangard fit encore 3 Campagnes
consécutives à bord. La dernière fut marquée par une traversée de retour d'une
longueur désespérante. Il avait en sortie d’Europe, pris du charbon pour
Iquique mais les frets en nitrates étant très bas, il avait dû prendre du lest
pour Sydney. Là, les contrats en blé étant presque tous conclus, sauf pour la
côte ouest, ERNEST REYER II fut dirigé sur Port Augusta, dans le golfe de
Spencer.
Depuis de longs mois dans les eaux chaudes du
Pacifique, la carène du navire s’était recouverte d'une épaisse couche de
végétation sous-marine qui retardait sa marche. Le Capitaine mit son navire au
plein sur une des plages de sable fin de la baie tranquille et déserte où se
trouve Port Augusta. Il le nettoya aussi bien que possible, mais il ne put
enlever les bernacles du petit fond.
Sitôt chargé, il tenta de rentrer par le cap de
Bonne Espérance, mais contrarié à la fois par les vents qu'il rencontra et par
la mauvaise marche du navire, il ne rentra qu'en 1907en Europe.
Là, fatigué et atteint d'une bronchite chronique, il
passa son commandement au capitaine Rioual.
Ce navire l’ERNEST REYER II fut torpillé en 1916 par le
sous-marin U-69, commandé par le capitaine allemand Wilhems. Il n'y eut aucun
survivant.